Relevé des structures agricoles 2024 : supprimer les incitations inopportunes et favoriser le changement de génération

Le relevé des structures agricoles fait apparaître année après année la diminution continuelle du nombre d’exploitations agricoles en Suisse. L’année dernière, 644 fermes ont cessé leur activité, soit près de deux fermes par jour. Les petites et moyennes exploitations disparaissent, tandis que celles qui restent continuent de s’agrandir. Or une agriculture diversifiée et résiliente capable d’assurer l’approvisionnement a besoin de petites et moyennes exploitations. C’est pourquoi l’Association des petits paysans demande d’urgence l’abandon de la stratégie « croître ou disparaître » de la Confédération.

Landwirtschaftliche Strukturerhebung
Office fédéral de la statistique 2025 – Relevé des structures agricoles

Depuis l’année 2000, ce sont 23 462 fermes qui ont cessé leur activité, soit 33 % des exploitations agricoles. Le secteur emploie aujourd’hui 55 917 personnes de moins qu’en 2000, ce qui correspond à une diminution de 27 %. La surface agricole utile moyenne a en revanche augmenté de 6,9 ha soit 45 %. Ce changement structurel devrait encore s’accentuer ces prochaines années au vu de l’évolution démographique dans le secteur agricole, et s’accompagne de nombreux problèmes : l’agriculture industrielle avec des exploitations de moins en moins nombreuses et toujours plus spécialisées crée des dépendances, engendre une perte de diversité et met en péril la sécurité de l’approvisionnement.

 

Supprimer les incitations inopportunes : introduire un plafonnement des paiements directs

La politique agricole actuelle favorise systématiquement les grandes exploitations et est la véritable cause de l’intensification constante et de la mort progressive des fermes. Au lieu d’être transmises, les fermes cessent leur activité, sont morcelées et leurs terres sont louées ou vendues. Les exploitations autour grandissent et nécessitent davantage de capitaux. Les reprises de fermes (extrafamiliales) deviennent encore plus difficiles.

Dans le cadre de la politique agricole 2030+, l’Association des petits paysans demande l’introduction d’un plafonnement des paiements directs par exploitation.
 

« Pour une agriculture diversifiée et résiliente qui veille à assurer l’approvisionnement, les paiements directs devraient être répartis entre de nombreuses petites et moyennes exploitations plutôt qu’entre quelques grosses exploitations. » 

Kilian Baumann, conseiller national et président de l’Association des petits paysans

 

Favoriser le changement de génération : Point de contact pour remise de ferme extra-familiale

Actuellement, 57 % des exploitations sont gérées par des personnes âgées de plus de 50 ans. Selon une étude d’Agroscope (2025), au cours des cinq prochaines années en Suisse, environ 7000 chef·fes d’exploitation atteindront 65 ans. C’est l’âge à partir duquel les paiements directs ne sont plus versés. En l’absence de successeur au sein de la famille, l’exploitation est alors souvent démantelée. Pourtant, de nombreux agriculteurs et agricultrices avec une bonne formation ne disposent pas de ferme dans leur famille et en recherchent une.

Avec le Point de contact pour remise de ferme extra-familiale, l’Association des petits paysans met en relation des personnes qui cèdent une ferme avec ceux qui en recherchent. En moyenne une à deux personnes qui souhaitent transmettre leur ferme et deux à trois personnes à la recherche d’une ferme s’annoncent chaque semaine au Point de contact. Ces chiffres soulignent que l’agriculture ne manque pas de relève motivée.

Faciliter l’accès : relever l’âge limite pour l’aide initiale

Reprendre une ferme, en particulier lorsqu’elle n’est pas dans la famille, représente un défi financier important. La Confédération accorde une aide initiale pour les exploitant·es seulement jusqu’à 35 ans (Art. 42 Ordonnance sur les améliorations structurelles, OAS; RS 913.1). Dans l’UE, l’aide initiale est accordée jusqu’à l’âge de 40 ans.

Selon l’étude d’Agroscope (2025), les personnes qui ont repris une ferme entre 2004 et 2020 avaient alors en moyenne 36,7 ans. Celles qui ont créé une nouvelle ferme étaient même âgées de 42,1 ans en moyenne. L’Association des petits paysans demande donc de relever l’âge limite pour bénéficier d’une aide initiale à 40 ans. Kilian Baumann, conseiller national et président de l’Association des petits paysans, présentera cette revendication au Conseil national lors de la session d’été.

Contact

Kilian Baumann, conseiller national et président de l’Association des petits paysans : 078 809 70 43
Carole Gauch, responsable Politique et directrice adjointe de l’Association des petits paysans : 031 312 64 00

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