En raison de nos normes de qualité élevées, la population a une grande confiance dans l’agriculture suisse. Mais les efforts actuels visant à abaisser ces normes mettent en danger l’avantage qualitatif de nos produits sur ceux qui sont importés, et sapent la confiance des consommateur·trices.

Les consommatrices et consommateurs ont une grande confiance dans les paysannes et paysans et leurs produits. Cette confiance est justifiée car la Suisse a des normes de qualité élevées en matière de denrées alimentaires et de grandes exigences concernant la production agricole. Il ne s’agit pas seulement de produits labellisés tels que IP ou Bio. L’agriculture conventionnelle a aussi fait de grands progrès en matière de durabilité ces dernières décennies. Ainsi, le bien-être animal a été continuellement amélioré, l’utilisation de produits phytosanitaires réduite et les surfaces de compensation écologiques aménagées. Il faut poursuivre cette voie afin de préserver nos ressources naturelles telles que des eaux propres et des sols sains pour les générations futures. C’est pourquoi cette voie est réclamée par les organismes scientifiques, promue par la Confédération et soutenue par les consommateurs et consommatrices. Seule cette stratégie qualité permet au secteur agroalimentaire suisse de se distinguer de celui de nos voisins et justifie les généreuses contributions fédérales accordées aux exploitations agricoles et les prix relativement élevés des produits suisses.
Ne pas faire marche arrière
Mais malgré cette longue histoire à succès, des efforts considérables sont actuellement déployés pour faire marche arrière et abandonner cette stratégie de qualité. La résistance à l’outil de déclaration numérique Digiflux en est un exemple. Il devrait enregistrer numériquement le commerce et l’utilisation de produits phytosanitaires et d’éléments fertilisants afin de pouvoir prendre des mesures de protection de manière plus ciblée et à moindre coût. Des interventions parlementaires sont en cours pour suspendre l’introduction de Digiflux ou pour exempter l’agriculture de cette obligation de déclaration imposée aux autres secteurs. D’autres exemples incluent les interventions visant à assouplir les valeurs limites pour les produits phytosanitaires dans la protection des eaux ou à abaisser les normes d’homologation, en permettant l’utilisation en Suisse de produits autorisés dans certains pays voisins ainsi qu’en Belgique ou aux Pays-Bas sans examen supplémentaire. La mise en œuvre de ces projets ferait de l’agriculture suisse la lanterne rouge en Europe en matière de durabilité.
Conserver la confiance des consommateur·trices
En raison de la pression exercée par la population et de la nécessité de protéger les écosystèmes, des mesures ont été adoptées en 2021 pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires et les pertes d’éléments fertilisants. Les atténuer ou les arrêter maintenant est problématique du point de vue démocratique. Mais surtout, en faisant une telle marche arrière, notre agriculture et notre secteur agroalimentaire risquent de perdre leur avance sur nos pays voisins en matière de durabilité. Il devient de plus en plus difficile de montrer aux consommateurs et consommatrices les avantages des aliments issus de la production indigène par rapport aux produits d’importation moins chers. Nous devons donc poursuivre de manière cohérente notre stratégie qualité pour que la production alimentaire indigène continue à offrir une valeur ajoutée à l’avenir. C’est la seule façon de maintenir la confiance des consommatrices et consommateurs dans les paysannes et paysans et leurs produits.