Le nombre de viticulteurs bio évolue positivement. La qualité des vins bios aussi, qui avaient encore mauvaise réputation il y a peu ! Les mentalités des producteurs et des consommateurs changent. La viticulture bio est désormais une alternative crédible qui attise la soif de connaissances.
La direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires du canton de Vaud propose tous les deux ans à Agrilogie, Marcelin (VD), une formation pour acquérir une « Patente cantonale de spécialisation en viticulture biologique ». Elle se déroule sur une année et se compose d’une trentaine de journées de cours théoriques et pratiques sur le terrain.
Objectifs, cibles et outils
Cette formation s’adresse aux personnes curieuses ou passionnées de tous âges, déjà détentrices au minium d’un CFC de viticulteur·trice ou de caviste, qui veulent approfondir leurs connaissances pour réduire ou abandonner l’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse dans les vignes, faire des essais sur quelques parcelles ou convertir à la viticulture biologique ou biodynamique toute une exploitation. Elles sont formées et accompagnées par des enseignant·e·s et des expert·e·s du monde professionnel et profitent d’échanges et de rencontres avec de nombreux viticulteurs·trices bio ou en biodynamie motivés par la transmission de leurs savoirs et savoir-faire.
Les objectifs de cette formation professionnelle supérieure ont été définis dans un groupe de travail constitué de viticulteurs, de conseillers et de formateurs. Le programme s’attache à couvrir une large palette de thèmes du sol aux machines en passant par les mesures prophylactiques et l’hygiène de la cave. Sont abordés dans le cursus le cahier des charges de l’agriculture biologique viti-vinicole et l’impact économique de ce mode de production, les enjeux environnementaux y compris les interactions et relations des éléments naturels entre eux et avec les hommes, les fonctions du sol, la gestion d’un vignoble sans molécules de synthèse, les stratégies en vue de limiter les interventions et les intrants, le recyclage des effluents et la vinification des vins en restreignant les intrants.
Impulsion pour un enivrement de connaissances
Cette patente de spécialisation en viticulture biologique a été mise en place et est subventionnée par le canton de Vaud pour palier un manque. Elle a vu le jour en raison d’un fort besoin ressenti ces dernières années sur le terrain pour une telle spécialisation, venant autant des spécialistes déjà expérimentés que de novices remettant en question l’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse, par exemple à la suite du scandale de problèmes causés dans les vignes par certains de ces produits, pour des raisons de sécurité et de santé humaine, ou encore en lien avec la qualité organoleptique des vins. Les autres écoles ou filières en Suisse n’offrent à ce jour rien de similaire. D’ailleurs, la patente est ouverte à toutes et tous et n’est de loin pas suivie que par des vaudois·e·s. Cette solide formation nous est même enviée par certains en France. Il est étonnant que d’autres cantons ou écoles n’aient pas encore manifesté d’intérêt à proposer une formation équivalente, car la nécessité d’acquérir de telles compétences pratiques et techniques n’est certainement pas près de se tarir.