Agriculture sans OGM

La production non transgénique fait partie de l’agriculture paysanne et représente un avantage qualitatif pour les paysannes et paysans suisses. C’est pourquoi l’Association des petits paysans s’engage en faveur d’alternatives à faible risque sans génie génétique.

Une production alimentaire durable renonce aux plantes transgéniques et mise sur une production agroécologique. Contrairement aux plantes de laboratoire, les plantes adaptées au site et cultivées avec des méthodes respectueuses parviennent mieux au but, de manière plus durable. Les plantes transgéniques sont au service de l’agriculture industrielle qui repose sur l’emploi massif de pesticides et d’engrais. Avec des conséquences graves pour l’environnement : la biodiversité diminue, mauvaises herbes et ravageurs résistants menacent la récolte, et la fertilité des sols souffre. En Suisse, la culture de plantes transgéniques est heureusement interdite jusqu’à fin 2025 grâce à un moratoire. La recherche est autorisée et devrait le rester. Pour l’agriculture suisse qui table sur la qualité pour marquer des points, l’abandon des plantes transgéniques est une conséquence logique. De plus, la séparation des flux de marchandises est trop coûteuse et logistiquement impossible. Les paysans qui renoncent au génie génétique seraient désavantagés.

Avec l’adoption de l’initiative sans OGM, la mise sur le marché d’organismes génétiquement modifiés en agriculture a fait l’objet d’un moratoire de 5 ans en Suisse. Depuis lors, ce moratoire a été prolongé à trois reprises et est actuellement applicable jusqu’à fin 2021. Depuis sa création, l’Association des petits paysans s’engage en faveur d’une Suisse sans OGM et a joué un rôle prépondérant dans l’introduction du moratoire.

L’Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique (Stop OGM) a lancé l’initiative en 2003. Elle exigeait un moratoire de cinq ans sur la culture de plantes génétiquement modifiées (OGM) et une interdiction des manipulations génétiques des animaux d’élevage. En novembre 2005, le peuple suisse a approuvé ce projet avec une majorité de 55,7 %. En 2010, le moratoire a été prolongé jusqu’en 2013. Avec la PA 14-17, le moratoire sur les cultures a été prolongé une deuxième fois. Le facteur décisif a été l’insuffisance des exigences juridiques de l’actuelle Loi sur le génie génétique. La Confédération voulait adopter une ordonnance de coexistence qui aurait permis aux OGM et aux plantes sans OGM de cohabiter. Le gouvernement a envoyé ladite ordonnance en consultation début 2013. La majorité des participants à la consultation s’est opposée à la culture d’OGM en Suisse. Dans le même temps, les cantons de Genève, Berne, Neuchâtel, Fribourg et du Jura ont déposé une initiative cantonale commune visant à prolonger le moratoire. Peu de temps après, le canton de Thurgovie a lui aussi soutenu cette revendication. Au niveau cantonal, Fribourg, Genève et le Tessin vont encore plus loin et introduisent l’interdiction de cultiver des OGM dans leur législation agricole.

Le Conseil fédéral a réagi en 2015 en prolongeant le moratoire jusqu’en 2021. D’ici là, les règles de coexistence et les conditions-cadres de «zones avec OGM» devraient être formulées pour laisser le moratoire expirer ou l’assouplir. Cette proposition a toutefois été rejetée par le Parlement. L’Association des petits paysans se félicite de la prolongation du moratoire et du rejet de la proposition de coexistence. Elle exige une interdiction sur le long terme, car il est impossible de mettre en place une coexistence d’organismes génétiquement modifiés ou non à la petite échelle de la Suisse. En outre, la majorité des consommateurs et des consommatrices se prononcent contre des aliments génétiquement modifiés.

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Les nouvelles techniques de génie génétique promettent une « modification » ciblée des plantes, animaux et hommes. Mais à quel point ces techniques sont-elles vraiment ciblées? Qu’en est-il des effets involontaires? Dans quelle mesure les modifications souhaitées dans les plantes sont-elles judicieuses? Et qui profitera de leur application? Une réflexion critique et une réglementation prudente s’impose de toute urgence.

Il existe différentes méthodes parmi les nouvelles techniques de génie génétique. La modification du génome par CRISPR/Cas ut

ilise ce qu’on appelle des ciseaux moléculaires pour modifier le génome, ou des interventions directes sont faites dans la régulation des gènes. L’agro-industrie et celle des biotechnologies, ainsi que de nombreux chercheurs, demandent que ces nouvelles techniques de modification génétique soient exemptées de la réglementation existante sur le génie génétique, malgré le peu de connaissances et le manque d’expérience sur ces techniques, et contre l’avis de divers experts indépendants qui ont montré que ces nouvelles techniques aussi doivent tomber sous le coup de la Loi sur le génie génétique. Une pétition exigeant exactement cela a été déposée le 31.08.2018 à la Chancellerie fédérale – avec plus de 30’000 signatures.

Les procédés doivent dans l’ensemble être plus efficaces. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient plus sûrs ou contrôlables. Le potentiel de modification du matériel génétique des nouvelles techniques va bien au-delà de celui des anciennes méthodes de génie génétique. Les limites de faisabilité et d’influence du matériel génétique sont clairement repoussées. Les nouveaux outils entraînent une vague d’application du génie génétique dans le domaine de la sélection végétale et animale. Si les nouvelles techniques de modification génétique ne sont pas soumises à la Loi sur le génie génétique, des plantes ou des animaux produits de cette manière pourraient être vendus sans évaluation des risques ni déclaration. Dans ce cas, les consommateurs ne sauraient même pas s’ils ont des aliments génétiquement modifiés ou non dans leur assiette.

En raison du moratoire sur le génie génétique qui reste en vigueur jusqu’à fin 2021, aucune plante génétiquement modifiée n’est cultivée en Suisse. Grâce à un renoncement volontaire, les aliments pour animaux génétiquement modifiés ne sont pas non plus utilisés. L’agriculture suisse produit donc aujourd’hui sans OGM, directement dans les productions végétales, mais aussi indirectement dans les productions animales.

Contrairement à leur culture, l’importation de plantes génétiquement modifiées (ne pouvant plus se reproduire, par exemple broyées) pour l’alimentation animale est possible si une autorisation est accordée. Jusqu’à présent, l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) a autorisé un soja et quatre sortes de maïs génétiquement modifiés. Après quinze années, l’autorisation de l’une des sortes de maïs n’a pas été renouvelée. Bien que ce ne soit interdit, l’ensemble des animaux d’élevage de notre pays sont nourris sans OGM. La Suisse est donc exempte d’OGM de la culture jusqu’à l’auge. C’est ce qu’exigent de toute façon de nombreux labels (Bio Suisse, IP-Suisse, Suisse Garantie, non exhaustif). La politique agricole stipule que la Confédération soutient l’orientation de l’agriculture et de la filière alimentaire vers une stratégie qualité commune. Cette stratégie qualité réaffirme entre autres: « L’agriculture renonce volontairement, afin de saisir des opportunités du marché, à utiliser des organismes génétiquement modifiés (végétaux reproductibles, parties de végétaux, semences et animaux). » De nombreuses entreprises et organisations du secteur agroalimentaire suisse ont signé cette stratégie. Donc aujourd’hui, les consommatrices et consommateurs peuvent compter sur les agriculteurs suisses pour nourrir leurs animaux sans aliments génétiquement modifiés. Une raison de plus pour choisir de la viande, des œufs et des produits laitiers suisses à la maison ou à l’extérieur. En n’utilisant aucun aliment génétiquement modifié, les agriculteurs suisses produisent ce que le marché demande et envoient un signal clair contre une agriculture non diversifiée et industrielle.

Nous n’importons de l’étranger pas que la moitié des légumes consommés en Suisse. Nous importons aussi les semences pour les légumes produits en Suisse. Il y a 30 ans, il s’agissait avant tout des semences. Aujourd’hui, à cause de l’intensification de la culture maraîchère, nous importons surtout les jeunes plants. En agriculture biologique aussi, la plupart des variétés utilisées proviennent de la sélection conventionnelle. Il faut agir, mais ce n’est pas si facile car la culture biologique reste sous pression.

La pression sur la sélection des plantes alternative est grande. Cette pression s’est encore accrue avec l’arrivée de nouvelles techniques de modification génétique. Celles-ci devraient encore une fois tout régler: créer des plantes résistantes aux sécheresses et aux parasites et protéger la population mondiale de la faim. De plus, les nouvelles méthodes permettraient d’obtenir beaucoup plus rapidement les propriétés souhaitées des plantes. C’est du moins ce qu’affirme un employé de Syngenta lors d’une conférence sur les nouvelles techniques de modification génétique en sélection végétale. La culture de plantes en agriculture biologique prendrait trop de temps et se baserait sur des ressources génétiques bien trop restreintes, selon les partisans du génie génétique, en dépit des risques et des incertitudes liées aux plantes modifiées génétiquement.

Pour l’Association des petits paysans, cette démarche fait fausse route. L’agriculture a besoin de plantes adaptées au site, cultivées en interaction avec l’environnement en selon des méthodes durables, plutôt que dans un laboratoire stérile. C’est la base d’une agriculture paysanne diversifiée et orientée vers l’avenir.